Une famille de Meurthe et Moselle se recueille sur une tombe vide depuis janvier 2019. L’urne de leur parente aurait dû y être inhumée depuis cette date. Il n’est pas question ici de minimiser la responsabilité de l’entreprise chargée des funérailles de cette personne. Erreur ? Faute ? Nous n’avons aucune compétence pour juger de cet acte, d’autant que la famille a décidé de ne pas porter plainte à l’encontre de cette entreprise. Bel élan de générosité !
Nous pouvons, à juste titre, nous demander s’il est moins important de se recueillir sur une tombe vide plutôt qu’en présence des cendres de la personne dans le caveau ? La terre est couverte de cénotaphes (les grecs anciens désignaient ainsi les tombeaux vides), notamment pour matérialiser un lieu de mémoire en l’absence du corps d’un défunt lors d’une dispersion en mer ou d’une disparition , par exemple. Depuis le moyen-âge (13e siècle) les tombes au cimetière sont le lieu de mémoire et de recueillement des familles. L’absence du corps du défunt peut être un traumatisme pour certains qui veulent suivre cette pratique ancienne. Le cénotaphe palliera ce vide. Mais Tacite écrivait, il a 2 000 ans, dans son essai « La Germanie » (dans lequel il met en évidence les dangers que les Germains représentent pour l’Empire romain), « Le vrai tombeau des morts est le cœur des vivants », équivalent à un proverbe persan : « Notre vrai tombeau n’est pas dans la terre, mais dans le cœur des hommes ». C’est le moyen le plus sûr d’emmener partout avec nous nos chères ombres, sans être à la merci du marché de la mort.