Les crématistes

Fédération française de crémation

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« Crématiser »

23 octobre 2021

C’était une question écrite de l’AC de la Creuse à l’AG FFC de 2018 :

1) La FFC pourrait-elle intervenir auprès des responsables des dictionnaires « Larousse » et « Le Petit Robert » ainsi qu’auprès de l’Académie Française pour que le terme « Crématisé » rentre enfin dans la langue française. Il n’existe que le terme « incinéré » dans nos dictionnaires.

Eh bien, ça y est, le verbe « crématiser » est dans le dico. Au moins dans un ! Le « Petit Robert » 2021 -merci à lui !- a pris en compte ce verbe de plus en plus utilisé dans le milieu funéraire. La crémation est légale en France depuis 1887 et, le croirez-vous, l’on ne pouvait pas être crématisé ! Juste réduit en cendre, incinéré. Notons, cependant que l’incinération des ordures ménagères, comme alternative aux décharges sauvages, apparaît à peu près à cette époque. Ce qui va générer l’idée que les déchets sont incinérés. D’ailleurs, depuis cette fin du 19e siècle industrieux, on fabrique des incinérateurs à ordures. Il n’y avait à l’époque, en France, qu’un seul crématorium, celui du Père Lachaise.

Mon mauvais esprit bien connu ne me laisse pas supposer un seul instant que d’autres mauvais esprits avaient intérêt à entretenir cette confusion pour avoir des arguments contre la légère brise de liberté qui commençait à se lever dans les têtes depuis l’instauration de la 3e République (1870) et de la Commune (1871). La mainmise sur les corps par un clergé omnipotent depuis plus d’un millénaire était en train de laisser place à un souffle de laïcité (1905) qui déferla alors sur tout le pays.

Des mots nouveaux entrent chaque année dans les dictionnaires : dégagisme, inclusif, hypstérisation, hygge… tous en rapport avec un fait de société momentané et usités le temps d’une hystérie médiatique. D’autres mots ne sont connus que d’un très petit nombre comme le fameux « abracadabrantesque » popularisé par un président en interview, mais forgé par des poètes comme Proth et Rimbaud et si peu employés qu’ils prouvent que ce n’est pas la fréquence de leur utilisation qui leur donne accès aux pages de la reconnaissance populaire.

Crématiser un être humain, c’est désormais le distinguer des ordures incinérées. C’est lui rendre son libre-arbitre quant à ses choix post mortem et, par là, une dignité perdue depuis plus d’un siècle.

Souhaitons enfin que Larousse et nos « Immortels » académiciens, pour toujours hors sujet, prennent conscience malgré tout de cette pratique acceptée et espérée par plus de la moitié des français.