Les crématistes

Fédération française de crémation

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Humusation, le retour…

14 mars 2021

Nous avions traité, en son temps, dans la revue fédérale Crémation Magazine, des nouveaux modes de sépulture, parce que d’aucuns prétendaient, dans leur profession de foi : “Lorsque nous mourons, nous n’avons généralement, que deux options pour notre corps : l’enterrement et la crémation. “ Avec cet argument “imparable“ en ces temps où tout doit être bio : “Or, l’une et l’autre sont très polluantes.“

Nous le savons, toute activité humaine, celle qui meut notre société occidentale vers un illusoire progrès, pollue. Le traitement de la mort n’y échappe pas. L’inhumation était jouable sous Charlemagne, quand il n’y avait pas 100 millions d’individus mourant en bonne santé sur la planète. Au moment de la loi de 1887 autorisant la crémation en France comme alternative à l’inhumation, ils étaient environ 1,5 milliard sur terre. Et, nous l’avons dit et redit, cet acte crématoire avait d’abord valeur de symbole : rendre le libre-arbitre et la liberté de penser aux Français, mais aussi lutter (déjà !) contre une pollution constatée de la terre des cimetières “qui ne pouvait plus faire son travail“ par l’accumulation des corps non encore réduits dans les tombes.

L’humusation, cette technique qui consiste à transformer les parties molles du corps d’un défunt en terreau, a fait, pour le moment au moins, long feu face à la crémation. L’Université de Louvain en Belgique a diligenté une étude sur la faisabilité du traitement des cadavres pour fournir des arguments dans le but de légaliser, ou pas, le processus. L’étude a été réalisée sur des carcasses de porcs, ces animaux présentant des caractéristiques assez proches de celles des humains… des deux sexes. Nous savons qu’au Canada cette pratique est courante pour se débarrasser de charognes. Dans l’Ontario, une loi de 2002 réglemente la gestion du compostage à la ferme, de cadavres de bovins, et le considère comme : “un procédé naturel de dégradation de la matière organique grâce à l’activité des micro-organismes, bactéries, levures et champignons“.

Or, le cabinet de la ministre Valérie De Bue, en charge du dossier en Belgique, estimait, avant l’étude de l’UCL, que : “(…) l’éventuelle légalisation de ce procédé est à compter en années et non en mois.“ Cette étude indique : “Au terme de chaque essai, l’exhumation a révélé des carcasses de porcs faiblement décomposées et des restes d’aspect blanchâtre et gras, résultat de la transformation des graisses en savons imputrescibles. L’analyse des sols sous les buttes d’humusation a révélé des quantités d’ammoniaque jusqu’à 57 fois plus élevées que dans l’échantillon de sol témoin. Les analyses effectuées n’ont pas mis en évidence d’autres polluants potentiels.“

Nos amis belges devront attendre encore un peu pour avoir un véritable retour bio à la terre. D’autant que, quelle que soit la technique employée pour faire disparaître un cadavre dans sa totalité, on tombe systématiquement sur un os, le squelette du mort. Qu’en faire, sinon le pulvériser ?

Mais, avec le développement de nouvelles méthodes, quelquefois farfelues, ne cherche-t-on pas à créer de nouvelles parts de marché, tout simplement, parce qu’une technique comme la crémation, qui compte plus de deux cents crématoriums en France, est au bord de la surchauffe ? Ces nouveaux modes de sépulture et la culpabilité, savamment orchestrée, de la crainte d’une pollution évidente, mais inévitable, devraient aider les convaincus à prendre la bonne décision pour sauver la planète… qui, elle, se passera sans difficulté de l’espèce humaine et son insupportable : “Croissez, et multipliez, et remplissez la terre ; et l’assujettissez, (Gen.1.28)…“

Patrick Lançon

Vice- président de la FFC

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Source : RTBF.be

Crémation Magazine no 09